Henri Bosco
Physiquement, presque toujours, l’artiste projette de soi dans la pierre, sur la toile ou sur le papier, une image qui correspond à son poids vital. Ce qu’il peint, ce qu’il sculpte, évoque en la transposant sa présence naturelle.
Il est là. Mais selon les tempéraments, il y est plus ou moins. Il y est à crever les yeux, ou bien s’y laisse deviner plus qu’il ne s’y propose. Mais, s’il est véritablement un artiste, jamais il n’est absent. Cette présence est le signe de sa valeur.
Eh bien l’Art d’Arène porte ce signe. C’est le sceau de la robustesse. Si l’homme, en effet est ramassé, robuste, sain, son art traduit cette solidité. Là où elle a le plus d’épaisseur de matière, c’est dans la couleur franche, rude ; mais, tout en nous offrant parfois quelque lourdeur, l’objet qu’elle peint compense ce poids par une densité qui en fait toucher la valeur concrète. Cette peinture a de la substance.
Plus saisissant encore est l’art d’Arène dans le maniement du trait noir sur blanc. C’est un trait fort qui s’avance sans repentir sur le papier. On dirait qu’il s’y grave. L’essentiel y est désigné vigoureusement. Dans cet acte, l’instinct et la volonté se confondent. Le choix est vigoureux, autoritaire. C’est un « faire » viril. Art figuratif nettement, et dont les figures s’imposent parce que l’artiste a foi en elles. L’objet tient fermement sa place là où il est le plus significatif. Cet art ne dérobe rien. L n’a pas de sous-entendu. Il est vrai. Et par là il rassure. Il a la vocation de la durée.